NEWSLETTER N°6 - Le néo-puritanisme de retour

NEWSLETTER N°6

Le néo-puritanisme de retour

Un vent de puritanisme siffle sur nos sexes... Jamais, depuis mes jeunes années, je n’ai vu autant de distanciation à l’égard du corps, au grand dam du genre humain qui jusqu’alors, vantait les atouts de la femme comme de l’homme !

C’est donc une lutte acharnée qui s’installe peu à peu contre la nature humaine, ignorant que plus on la repousse plus elle revient tôt ou tard au galop.

Dans les années 80, on assistait à une libération des mœurs qui ouvrait la voie aux mouvements gays et lesbiens. On nous promettait des jours heureux, si ce n’était l’apparition du sida comme pour venir ternir l’espoir. Par peur de la maladie ou de se voir mourir, une distanciation s’avérait urgente. L’interdit du baiser comme celui de la copulation inaugurait les ébauches d’un monde virtuel où chacun se délecterait du plaisir de l’autre derrière un écran. A petits pas, tout se désagrégeait cédant à une sorte d’hygiénisme sanitaire auquel les revues gays s’accommodaient comme les épicentres d’un malaise annoncé. Ainsi les nus disparaissaient de leurs pages au profit de modes People, vestimentaires, publicitaires, stéréotypes de la distance et de l’ironie du sort. Le moralement correct allait gagner du terrain renouant avec une littérature peu engagée, comme tout autant d’expositions où l’abstraction était préférée à la figuration.

Mais ce courant a pris aujourd’hui une envergure avec les mouvements actuels inspirés de Me Too, du monde virtuel, du véganisme, jusqu’à cette crise sanitaire du Covid où le confinement bouclait la série.

Faute d’une religion de la chair en déclin, un catéchisme sanitaire installait sa doctrine et ses pratiques pour s’identifier à tous les stéréotypes de la distanciation vus sous l’angle de l’homme artificiel. La science médicale, nouvelle religion avec ses grands prêtres définissait ainsi comme dans une sorte de mantra, les cycles d’une vie prochaine, où la vie humaine se conformerait à l’usage des gestes barrières, des masques, et des repliements sur soi.

Pour la cerise sur le gâteau, la Cancel Culture finirait d’abolir nos instincts d’autrefois pour idéaliser une civilisation nouvelle, plus calviniste que catholique romaine. J’insiste sur cette dernière référence, car elle était la seule religion de la chair, qui, malgré tous ses interdits de façade, offrait à l’humanité la plus grande des copulations entre l’Homme et Dieu. Elle a transformé l’Occident au cours des siècles en un gigantesque bordel où jamais autant l’art, la sculpture, la peinture et les mystères du Sacré n’avaient exposé des corps aussi dénudés et offerts à l’amour. Et voilà que même ce catholicisme-là est devenu l’épicentre d’un puritanisme soutenu par les éloges de quelques curettes en frustration. Rien d’étonnant qu’elles se retournent contre ce patriarcat mitré pour prendre les rênes d’une armée en déroute. Vive les sibylles en colère !

La procréation artificielle remplacera bientôt le corps ecclésiastique en robots sexuellement aseptisés, pour être articulés par les ficelles d’un petit monde asexué.

En ces temps, tout repère de drague est sous surveillance, contrôlée par des observatoires invisibles, genre caméras dans les branches des arbres. Le poids de la peur fera donc oublier la légèreté de l’amour, et nos Smartphones ne sonneront plus que par un miaulement narcissique, croyant faire jouir son utilisateur livré à la déconstruction de lui-même.

Au nom des valeurs prudes à l’avenir incertain, les acteurs de ce monde virtuel de demain, auront peut-être, du moins puis-je l’espérer, leurs préjugés faussés par des piles mortes pour oublier à jamais leurs fausses vertus et les pleurer dans le mouchoir de Tartuffe !

Que penser aussi de la Théorie du genre ? Cette ambivalence nous ferait-elle oublier le bien-fondé de l’âme et du corps comme un féminin et un masculin réunis ? Comme aussi l’eau changée en vin, un jour de Noces à Cana ?

Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous.

Bernard DUVERT

09 février 2022