NEWSLETTER N°4

Publié le 20 Janvier 2022

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

 

A bien comprendre la stratégie d’Eric Zemmour pour défendre les valeurs de notre nation et plus largement encore celles de l’Europe, le christianisme serait son cheval de Troie.

On pourrait bien en admettre le principe au regard des affrontements civilisationnels du passé, mais à moins de s’accorder avec C. Maurras, pour lequel le catholicisme était une arme de guerre avant tout, je ne vois pas comment monsieur Zemmour, qui n’a ni la foi ni le christianisme fondamentalement dans la peau, puisse plus culturellement que cultuellement compter sur le soutien de l’Eglise Universelle !

Car cela reviendrait à prétendre que les seules valeurs du christianisme, et plus précisément du catholicisme, assureraient une sous-couche stable et durable sur laquelle plus de 80% des français, qui se disent aujourd’hui peu concernés par la religion, devraient s’inspirer voire se plier pour rester français. Cela me rappelle le vieux cantique du XIXème : « Catholique et français toujours ».

Mais E. Zemmour devrait dès lors convaincre l’épiscopat et la Rome du Pape François Ier ! Car sans eux toutes les tentatives de ralliement seraient vaines. Espérer celles du peuple, encore moins. Je doute que ses adhérents soient en majorité de vrais dévots !

Pour le dire en toute franchise, espérer cette récupération par le « religieusement correct » est d’autant plus voué à l’échec que le christianisme, particulièrement en Europe, est en voie d’extinction à cause même de ses propres divisions !

Au fil des années, les églises se ferment, les monastères se désertent, leur fréquentation ne tenant plus qu’à un îlot de nostalgiques ou de superstitieux, les épiscopats prennent acte de la déclergification sur tous les terrains sans pouvoir y remédier. On pourrait toujours rétorquer - A qui la faute ? Je suis de ceux qui, au regard de la situation actuelle, pensent effectivement que les prêtres et leurs hauts dirigeants se sont sabordés en oubliant dans leurs programmes de reconquête, les valeurs mystiques du Sacré.

« Pour se consoler, écrit Mathieu Bock-Côté dans le Figaro du samedi 15 janvier 2022, - on verra néanmoins dans les derniers événements une preuve paradoxale de la permanence du sacré en nos sociétés. Même vides, les églises demeurent au cœur de l’architecture mentale du pays. » Autrement dit, l’Art seul fera son chemin de Compostelle !

C’est ici que monsieur Zemmour fait fausse route. Car, en se servant des valeurs jadis du christianisme pour gagner des élections à la française, c’est oublier la phrase du Christ – Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu – Reconquérir une nation totalement déchristianisée lorsqu’au cœur de celle-ci la mystique et le sacré n’ont plus guère de résonance, refondée tous les jours par les doctrines de la « cancel culture » et du « wokisme », je lui pose la question, si son discours est prêt à saisir d’abord les âmes avant celles du corps électoral ?

Peut-on lui laisser croire que les isoloirs permettent aux français de se recueillir le jour du vote, pour réunir croyants et incroyants au pied du Trône céleste, en attendant le soir même des élections, le souffle de l’Esprit-Saint qui peut-être cette fois-ci, jaillira exceptionnellement d’une petite cheminée de l’Elysée, - fumée blanche ! s’écrira-t-on ?

Je crains alors que la synagogue où monsieur Zemmour a ses habitudes, n’éternue à ses nuages de fumée incendiaires. A mon avis, se servir ainsi des clochers pour rivaliser avec des mosquées, n’aura rien d’autre pour effet que d’assurer une division entre tous les français, et finalement mettre en œuvre ce qu’il reproche à Macron.

Et il est illusoire de se croire aujourd’hui le légitime serviteur de Dieu en Occident, en se prenant pour Charles Martel ou Jeanne d’Arc ! Encore moins en s’inspirant de Napoléon, qui fut à cet égard considéré par le pape régnant, comme un démon.

 

Bernard DUVERT

16 janvier 2022

Rédigé par DUVERT Bernard

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