Newsletter N°3

Publié le 8 Décembre 2021

NEWSLETTER N°3
Quel prochain archevêque pour Paris ?
J’ai connu Notre-Dame depuis les années 60, le cardinal Feltin et son coadjuteur qui lui a succédé, monseigneur Veuillot, figure du gothique flamboyant. Ensuite, le cardinal F. Marty, le paysan du Rouergue. Puis, le cardinal Lustiger, personnage nombriliste et acariâtre, monseigneur André Vingt-Trois, une bonne pâte de guimauve, l’ombre rampante de son prédécesseur, et enfin monseigneur Aupetit, le parfait VRP, fonctionnaire incolore inodore.
En résumé, j’ai vu Notre-Dame de Paris s’émietter de successeurs en successeurs, jusqu’à la réduire à une sorte de paroisse ordinaire, aux chants médiocres faisant étalage d’un patrimoine que tentaient de relever quelques castafiores en tenue bleu pétrole, s’égosillant dans un micro.
Ne parlons pas de ces têtes mitrées aux allures bon-enfant, dont le seul public qu’elles charmaient, ne tenait qu’à quelques groupies cathos, béates et inexistantes ! Rien d’étonnant que monseigneur Aupetit, dans ses projets de restauration de Notre-Dame, souhaitait ouvrir sa cathédrale à plus de touristes, afin de diluer ce reste de brebis égarées, histoire de remplir une cathédrale vide de fidèles réels. Quant à la direction du diocèse, à lire et à entendre le témoignage de ses prêtres, et ce depuis le cardinal feu Lustiger, c’est un ras-le-bol qui n’a cessé de s’amplifier, jusqu’à ce que monseigneur Aupetit s’en étonne ! Certes, sa démission n’est pas tant la résultante d’une affaire trouble qui pèse sur lui, que celle d’une accumulation (de plaintes) qui pourrait expliquer cette chute (le Figaro/vendredi 03 décembre 2021).
Qui pourrait dès lors relever le défi ?
J’ai l’intime conviction qu’une Eglise qui a perdu sa mystique, et donc son rapport au Sacré, n’est plus respectée et n’aimante plus. Celui qui succédera à la médiocrité devra avoir d’abord un visage charismatique. Ce qui signifie aussi, une tête bien faite et bien pleine, comme le disait Montaigne. D’où l’autorité qui en découlera logiquement. Il devra de ce fait avoir le sens du Sacré dans la modernité d’un monde en quête de vraies valeurs spirituelles et artistiques. Aussi devra-t-il être un homme sensible, un acteur de la mise scène, de « la beauté avant toute chose » pour citer Baudelaire. « Peut-être que le début du commencement de la preuve de l’existence de Dieu, c’est dans l’art qu’on la trouve. Il y a une dimension mystique de l’art, si on ne la comprend pas, on ne comprend rien. » - dixit Nicolas Sarkozy, mardi dernier à la salle Gaveau (Figaro/03 déc. 2021). En somme, la perspective d'un homme idéalement novateur, à la personnalité forte, provocateur quand il faut l’être, sans jamais manquer d’esprit. C’est aussi le propre des gens intelligents.
Ajouterais-je que si la qualité d’un ministre de l’Eglise est d’abord de refléter l’image même du Christ, il n’est et ne sera jamais pour autant le Christ. En cela, la Foi est une chose et la religion en est une autre. La religion est à la politique ce que la Foi est au cœur. Si elles s’accordent, tant mieux ! Si elles ne s’accordent pas (ce qui est plus souvent le cas), il faut alors considérer que les ministres sont d’abord les représentants d’une religion, donc d’une politique à vitrine. D’où la nécessité de maintenir des rituels, des fastes liturgiques, de la dignité vestimentaire, car ce qui est en jeu n’est pas seulement la Foi des acteurs mais leur mise en scène pour un large public qui a besoin de rêver, de transcender, de quitter un moment les turpitudes de ce monde.
Car il ne faut pas oublier que si les sondages révèlent aujourd’hui une Foi en disparition, elle ne reviendra pas par des discours, ni encore moins par des sermons prosélytistes « prêchi-prêcha », mais comme je l’ai déjà souligné, par la beauté. La transcendance du Beau se révèle en toutes choses nobles et dignes de respect.
Il faudra donc que le prochain élu à la Cadex de Paris, prenne tout autant en compte des réflexions de ses contemporains, qui ne reviendront jamais sur les nostalgies du passé, ni plus encore vers les lobbies les plus farfelus.
En conclusion de quoi, je souhaite voir élu un homme puissant, charismatique, habile, intelligent, mystique, artiste, metteur en scène, diplomate, avec grand esprit, une grande Foi, mais aussi un homme de conviction dans son rôle représentatif et administrateur de haut rang pour son diocèse. A une époque où la renommée de l’Eglise a perdu tout crédit, il est temps pour Elle de ne pas tant se prendre pour un Jésus sur le calvaire que dans sa gloire de ressuscité.
Je ne vois, pour résumer tout cela en un seul personnage, qu’un moine bâtisseur.
Bernard DUVERT (Père Marie Bernard)
03 décembre 2021

 

Rédigé par DUVERT Bernard

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